lundi 24 décembre 2012

Conte de Noël, par Alphonse Allais


CONTE DE NOËL


Ce matin-là, il n’y eut qu’un cri dans tout le Paradis :
— Le bon Dieu est mal luné aujourd’hui. Malheur à celui qui contrarierait ses desseins !
L’impression générale était juste : le Créateur n’était pas à prendre avec des pincettes.
À l’archange qui vint se mettre à sa disposition pour le service de la journée, Il répondit sèchement :
— Zut ! fichez-moi la paix !
Puis, Il passa nerveusement Sa main dans Sa barbe blanche, s’affaissa — plutôt qu’il ne s’assit — sur Son trône d’or, frappa la nue d’un pied rageur et s’écria :
— Ah ! j’en ai assez de tous ces humains ridicules et de leur sempiternel Noël, et de leurs sales gosses avec leurs sales godillots dans la cheminée. Cette année, ils auront… la peau ! 
Il fallait que le Père Éternel fût fort en colère pour employer cette triviale expression, Lui d’ordinaire si bien élevé.
— Envoyez-moi le bonhomme Noël, tout de suite ! ajouta-t-Il.
Et comme personne ne bougeait :
— Eh bien ! vous autres, ajouta Dieu, qu’est-ce que vous attendez ? Vous, Paddy, vieux poivrot, allez me quérir le bonhomme Noël !
(Celui que le Tout-Puissant appelle familièrement Paddy n’est autre que saint Patrick, le patron des Irlandais.)
Et l’on entendit à la cantonade :
— Allo ! Santa Claus ! Come along, old chappie !
Le bon Dieu redoubla de fureur :
— Ce pochard de Paddy se croit encore à Dublin, sans doute ! Il ne doit cependant pas ignorer que j’ai interdit l’usage de la langue anglaise dans tout le séjour des Bienheureux !
Le bonhomme Noël se présenta :
— Ah ! te voilà, toi !
— Mais oui, Seigneur !
— Eh bien ! tu me feras le plaisir, cette nuit, de ne pas bouger du ciel…
— Cette nuit, Seigneur ? Mais Notre-Seigneur n’y pense pas ! C’est cette nuit… Noël !
— Précisément ! précisément ! fit Dieu en imitant, à s’y méprendre, l’accent de Raoul Ponchon.
— Et moi qui ai fait toutes mes petites provisions !… 
— Le royaume des Cieux est assez riche pour n’être point à la merci même de ses plus vieux clients. Et puis… pour ce que ça nous rapporte !
— Le fait est !
— Ces gens-là n’ont même pas la reconnaissance du polichinelle… Je fais un pari qu’il y aura plus de monde, cette nuit, au Chat Noir qu’à Notre-Dame de Lorette. Veux-tu parier ?
— Mon Dieu, vous ne m’en voudrez pas, mais parier avec vous, la Source de tous les Tuyaux, serait faire métier de dupe.
— Tu as raison, sourit le Seigneur.
— Alors, c’est sérieux ? insista le bonhomme Noël.
— Tout ce qu’il y a de plus sérieux. Tu feras porter tes provisions de joujoux aux enfants des Limbes. En voilà qui sont autrement intéressants que les fils des Hommes. Pauvres gosses !
Un visible mécontentement se peignait sur la physionomie des anges, des saints et autres habitants du céleste séjour.
Dieu s’en aperçut.
— Ah ! on se permet de ronchonner ! Eh bien ! mon petit père Noël, je vais corser mon programme ! Tu vas descendre sur terre cette nuit, et non seulement tu ne leur ficheras rien dans leurs ripatons, mais encore tu leur barboteras lesdits ripatons, et je me gaudis d’avance au spectacle de tous ces imbéciles contemplant demain matin leurs âtres veufs de chaussures. 
— Mais… les pauvres ?… Les pauvres aussi ? Il me faudra enlever les pauvres petits souliers des pauvres petits pauvres ?
— Ah ! ne pleurniche pas, toi ! Les pauvres petits pauvres ! Ah ! ils sont chouettes, les pauvres petits pauvres ! Voulez-vous savoir mon avis sur les victimes de l’Humanité Terrestre ? Eh bien ! ils me dégoûtent encore plus que les riches !… Quoi ! voilà des milliers et des milliers de robustes prolétaires qui, depuis des siècles, se laissent exploiter docilement par une minorité de fripouilles féodales, capitalistes ou pioupioutesques ! Et c’est à moi qu’ils s’en prennent de leurs détresses ! Je vais vous le dire franchement : Si j’avais été le petit Henry, ce n’est pas au café Terminus que j’aurais jeté ma bombe, mais chez un mastroquet du faubourg Antoine !
Dans un coin, saint Louis et sainte Élisabeth de Hongrie se regardaient, atterrés de ces propos :
— Et penser, remarqua saint Louis, qu’il n’y a pas deux mille ans, il disait :Obéissez aux Rois de la terre ! Où allons-nous, grand Dieu ! où allons-nous ? Le voilà qui tourne à l’anarchie !
Le Grand Architecte de l’Univers avait parlé d’un ton si sec que le bonhomme Noël se le tint pour dit.
Dans la nuit qui suivit, il visita toutes les cheminées du globe et recueillit soigneusement les petites chaussures qui les garnissaient.
Vous pensez bien qu’il ne songea même pas à remonter au ciel cette vertigineuse collection. Il la céda, pour une petite somme destinée à grossir le denier de Saint-Pierre, à des messieurs fort aimables, et voilà comment a pu s’ouvrir, hier, à des prix qui défient toute concurrence, 739, rue du Temple, la splendide maison :

AU BONHOMME NOËL

Spécialité de chaussures d’occasion en tous genres
pour bébés, garçonnets et fillettes.

Nous engageons vivement nos lecteurs à visiter ces vastes magasins, dont les intelligents directeurs, MM. Meyer et Lévy, ont su faire une des attractions de Paris.

mercredi 19 décembre 2012

Vendredi prochain, Éclipse Totale




Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,

Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.



Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.



Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.



Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

lundi 17 décembre 2012

Charades proposées par vos camarades de la première année du Bachibac, pour le plaisir




CHARADES

I
Mon premier est la première syllabe du mot exprimant le contraire de « bon ».
Mon deuxième est un mouvement du pied.
Mon troisième est la terminaison du participe présent.
Mon tout est le nom d’un écrivain français.

II
Mon premier est la 4e lettre de l’alphabet.
Mon deuxième est le verbe « être » en espagnol.
Mon troisième est l’action de ne pas parler (mal prononcée).
Mon tout est une lettre écrite par Boris Vian

III
Mon premier est un apprenti marin.
Mon deuxième est un pronom relatif.
Mon troisième est un poisson.
Mon tout est le surnom d’un personnage d’Alexandre Dumas.

IV
Mon premier sert à mesurer la masse.
Mon deuxième travaille à la mairie.
Mon tout est une section de ton cahier.

V (2 mots)
Mes deux premières syllabes sont une figure géométrique.
Mon troisième est une note musicale.
Mon quatrième est un pronom possessif féminin singulier.
Mon cinquième est un cadeau.
Mon tout est un personnage de Boule de Suif.

VI
Mon premier est ce que tu fais normalement la nuit.
Mon deuxième est le verbe « mourir » au présent.
Mon troisième est le participe passé du verbe devoir.
Mon dernier est l’impératif du verbe allé suivi d’un « l ».
Mon tout est un beau poème de Rimbaud.

VII
Mon premier est un instrument avec lequel on ouvre les portes.
Mon deuxième est ce qui fait le Président quand il dit qu’on sortira bientôt de  la crise.
Mon tout se trouve tous les mardis dans cette salle (2.6).


samedi 15 décembre 2012

Pour faire la fondue au chocolat, pour le plaisir






Indispensable 


Une fondue ou un poêlon
Des fourchettes
Une cuillère en bois
Des fruits: des bananes, des oranges ...
Un couteau pour éplucher et couper les fruits
Une assiette pour les fruits découpés
Faim

Facultatif 

De la crème fraîche liquide
Du beurre
Du lait
Des amandes concassées
De la noix de coco rapée
Des boissons
Des gobelets en plastique
Des serviettes en papier


Déconseillé

Fromage rapé (ICI le lien)








vendredi 14 décembre 2012

Rappel devoirs



Lundi on corrigera la grille des connecteurs pour exprimer la cause !


CONNECTEUR
REGISTRE
TYPE DE CAUSE
PLACE
Parce que
             
            

Comme
             
                          
              
Puisque
             
                        

Étant donné que
     
                        
                                      
Du fait que
             
                         
                                      
Sous prétexte que
             
            

Gràce à
             
              
                         
A cause de
             
              
                         
En raison de
             
            
             
En effet
              

                                      
Car
     

                                      



Baudelaire et Paris : dérive

Voici le PDF à faire imprimer

mardi 11 décembre 2012